Le No 63 est une pièce d’une grande invention sculpturale, à notre avis, l’une des meilleures pièces de Marie-Hélène Allain pour le sens de la mesure entre les éléments dramatiques (ceux que nous avons identifiés comme faciles lorsque les contrastes entre le rugueux et le poli attirent trop l’attention) et les éléments codés du répertoire formel dont le jeu n’est pleinement apprécié que par l’œil exercé. Il y a une parenté stylistique entre Ocean Bone/Œuvre d’océan et le No 63. Dans ce dernier, le bloc de calcaire est travaillé de telle sorte qu’il peut pivoter sur lui-même, dans le sens réel du terme. Il est impossible, avec cette sculpture-objet, d’être distrait par quelque détail que ce soit, tant la conception d’ensemble est rigoureuse. L’œuvre a, d’abord, une grande justesse formelle: elle est un tout modelé dont la souplesse des articulations permet à l’œil de se déplacer en toute aisance d’un plan à un autre ; l’œil se déplace sans effort et sans obstacle dans son parcours, procurant à l’esprit un repos complet. Ensuite, le No 63 dégage un dynamisme qui vient de la suggestion dramatique que développe sa forme mystérieuse, complexe, retenue. Fascination, étonnement et émerveillement, voilà les sentiments esthétiques que le No 63 procure.
Carolle Gagnon
Tiré du livre Marie-Hélène Allain: La symbolique de la pierre / The Symbolism of Stone
publié aux Éditions d’Acadie